La taxonomie dans un enseignement digital

L’enseignement en Belgique parait être plutôt hermétique aux nouvelles technologies. A part le tableau interactif qui a fait son apparition dan de nombreux établissements, les Smartphones sont interdits, les tablettes sont rares et souvent mal utilisées, les ordinateurs sont vieillots. Le train des technologies passe donc sans que notre enseignement ne s’en trouve impacté. De nombreux outils, applications ou plateformes pourraient pourtant être utilisés tout en suivant des objectifs pédagogiques cohérents inspirés des modèles de taxonomies développés dès 1956 par Bloom. Voyons cela de près :

Taxonomie de Bloom

La Taxonomie des objectifs éducatifs est reconnue dans le domaine de l’éducation. Les enseignants utilisent souvent la taxonomie de Bloom pour créer des résultats d’apprentissage qui ciblent non seulement la matière mais aussi la profondeur de l’apprentissage qu’ils veulent que les élèves atteignent. Ensuite, ils peuvent créer des évaluations qui rendent compte avec précision des progrès des élèves vers ces résultats.

La taxonomie de Bloom comprend trois domaines d’apprentissage :

  • cognitif
taxonomie-type-cognitif
En 2001, David Krathwohl (l’un des collaborateurs originaux de Bloom) et la corédactrice Lorin Anderson ont publié une révision de la hiérarchie de 1956 avec la contribution de psychologues cognitifs, de théoriciens du curriculum, de chercheurs pédagogiques et de spécialistes des tests et de l’évaluation. Cette nouvelle version révisée a introduit un changement clé dans le domaine cognitif de la taxonomie de Bloom : elle a déplacé le langage utilisé des noms vers les verbes et a ainsi détourné l’attention de l’acquisition vers la performance active des types d’apprentissage impliqués dans chaque étape de la hiérarchie. “Synthèse” a également été supprimée et “créer” a été déplacé au plus haut niveau du domaine.
  • affectif
  • psychomoteur.

Elle attribue à chacun de ces domaines une hiérarchie qui correspond à différents niveaux d’apprentissage.

Chaque niveau de la taxonomie est hiérarchiques. En d’autres termes, chaque niveau subsume les niveaux qui le précèdent. Ainsi, si nous examinons le domaine cognitif, nous pouvons en déduire qu’avant qu’un élève puisse effectuer une analyse, il pourrait d’abord avoir besoin de connaître les méthodes d’analyse, de comprendre les différents éléments à examiner et de réfléchir à la méthode à appliquer. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il sera prêt à effectuer l’analyse elle-même.

Pour mieux comprendre comment la taxonomie de Bloom fonctionne dans la pratique, nous décomposons deux domaines – cognitif et affectif.

Domaine cognitif

Le domaine cognitif est axé sur les habiletés intellectuelles comme la pensée critique, la résolution de problèmes et la création d’une base de connaissances. C’était le premier domaine créé par le groupe original des chercheurs de Bloom. La hiérarchie cognitive va de la simple mémorisation conçue pour développer les connaissances des apprenants à la création de quelque chose de nouveau à partir d’informations déjà apprises. Dans ce domaine, on s’attend à ce que les apprenants progressent linéairement à travers la hiérarchie, en commençant par “se souvenir” et en terminant par “créer”.

Rappelez-vous

Exemple d’activité d’apprentissage : Connaître l’usage des divers outils web.
Raison d’être : Un test à choix multiples permettra aux enseignants de voir si les élèves ont effectivement mémorisé le matériel donné.

Comprendre

Exemple d’activité d’apprentissage : Reformuler un texte pour éviter du duplicate content, Retweeter des textes sélectionnés sur un sujet précis, Gérer un Scoop.it.
Raison d’être : La rédaction d’un résumé encourage les apprenants à réfléchir à ce que sont les parties les plus importantes d’une œuvre littéraire et à décider quels aspects de l’intrigue à abandonner au profit d’un résumé concis. Il permet aux éducateurs d’évaluer s’ils ont compris ou non l’idée principale de la pièce.

Appliquer

Exemple d’activité d’apprentissage : Configurer des comptes sur les réseaux sociaux ou un blog de type WordPress.
Justification : En faisant ce devoir, les apprenants mettront en œuvre des processus appris dans un contexte similaire.

Analyser

Exemple d’activité d’apprentissage : Écrire un commentaire analytique comparant les points antagonistes et protagonistes sur le sujet traité.
Justification : Dans le cadre de ce devoir, lorsque les apprenants considèrent ce qui fait de chaque personnage un antagoniste ou un protagoniste, ils doivent utiliser à la fois leur connaissance du jeu et leur esprit critique.

Évaluer

Exemple d’activité d’apprentissage : Réaliser un audit de site Internet.
Justification : Grâce à ce devoir, les apprenants examineront le fond, la forme et l’objectif du support à évaluer, ce qui les amènera à comprendre et à porter des jugements sur la validité des éléments mis en place.

Créer

Exemple d’activité d’apprentissage : Rédiger des articles de blog, créer une présentation destinée à être partagée sur slideshare, réaliser une vidéo pour Youtube
Justification : Dans le cadre de cette activité, les apprenants doivent intégrer les techniques d’écriture et de présentation dans un nouveau contexte, ce qui leur permet de mettre en pratique leurs compétences en écriture créative et de montrer qu’ils comprennent parfaitement les différentes techniques.

Domaine affectif

Le domaine affectif se concentre sur les attitudes, les valeurs, les intérêts et l’appréciation des apprenants. La hiérarchie qui lui est associée commence par la réception et l’écoute de l’information, et s’étend à la caractérisation ou à l’intériorisation des valeurs et à la prise en compte systématique de ces valeurs. Il vise à permettre aux apprenants de comprendre quelles sont leurs propres valeurs et comment ils se sont développés.

taxonomie-type-affectif

Réception

Exemple de résultat d’apprentissage : Les apprenants se followent mutuellement sur les réseaux sociaux et partagent les publications de leurs pairs.
Justification : Grâce à ce devoir, les apprenants apprendront à écouter efficacement les autres et à se souvenir de leurs publications.

Valorisation

Exemple de résultat d’apprentissage : Rédiger un article d’opinion sur n’importe quelle question, en expliquant sa propre position et les raisons qui la soutiennent.
Justification : Par ce biais, les apprenants exploreront non seulement leurs propres valeurs, mais aussi pourquoi ils soutiennent leurs valeurs, ce qui leur donnera l’occasion de mieux comprendre leur propre système de valeurs.

Adoption

Exemple de résultat d’apprentissage : Bien travailler au sein d’une équipe de pairs autour d’un projet de groupe quelle que soit la mission : un blog collaboratif et son référencement par exemple.
Justification : En travaillant en groupe, les apprenants doivent équilibrer leurs propres valeurs avec les valeurs de l’équipe, ainsi que prioriser les tâches et pratiquer le travail d’équipe.

Domaine psychomoteur

Le domaine psychomoteur englobe la capacité des apprenants d’accomplir physiquement des tâches et d’exécuter des mouvements et des habiletés. Il existe plusieurs versions différentes, y compris différentes hiérarchies, du domaine psychomoteur. Cette hiérarchie va des réflexes et des mouvements de base à la communication non discursive et à une activité expressive significative.

Conclusion

Contrairement à l’idée reçue et largement rependue que les étudiants sont des digital native et dès qu’ils sont face à un clavier ils sont autonomes, il faut former les apprenants à tous les usages et surtout en passant par chaque niveau de difficulté sans brûler les étapes.

 

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